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Le Ghetto

Le ghetto de Varsovie. Des habitations très petites. Manque d'hygiène dans cette partie de ville isolée, beaucoup de saleté. Elzbieta et sa famille sont entassées avec les autres dans la puanteur.

Comme tous les trois jours depuis novembre 1940, Elzbieta fait le tour du ghetto en attendant son mari Andrzej qui lui est parti chercher de la nourriture. La nourriture et très rare,  et cela faisait très longtemps qu'il n'ont pas mangé à leur faim. Ce n'était pas le cas de tous, certains juifs, réussissaient à vivre mieux, voire s'enrichir au sein du camp et s'installaient aux tables des quelques établissements ouverts au sein du ghetto. 

Elle, ne le pouvant pas, aimait se promener avec son enfant qui se nomme Alexander. Lui, il adorait jouer dans la rue avec sa mère à « touche-touche ». C'était la dernière chose qui faisait sourire Elzbieta. Ce jour-là, Elzbieta trébuche et tombe sur une pierre pointue. Le sang s'écoule le long de son visage. Alexander court vers sa mère et lui dit : « mama,mama stavaille !*». Alicia, une jeune fille remarque cette femme au sol avec son enfant auprès d'elle. Elle se met à courir à toute vitesse vers elle.  Alicia avait l’habitude de voir des cadavres dans les rues. La mort est courante. Typhus. Froid. Faim. Les corps étaient ramassés quotidiennement dans une charrette avant de gagner la fosse commune.  Mais la présence de cet enfant l'a touchée. Elle relève l'enfant et le détourne de la scène en lui demandant : « Viens ! Comment t’appelles-tu ? » et lui tend la main. « Maman m’a dit de ne pas parler aux inconnus », dit le petit garçon en enlevant sa main de celle d'Alicia.

"Ne t'inquiète pas, je connais bien ta maman."

- Ah bon ?!, répond-il d’un air étonné.

- Donc, comment t'appelles-tu ?

- Je m'appelle Alexander.

- Moi, je m’appelle Alicia ».

Alicia ne pouvait cacher sa douleur devant ce nouveau drame.

Vie de misère. Lui serrant fort la main, elle lui demande en

regardant de gauche à droite :

« Où habites-tu Alexander ?

- Je vais te montrer ! » lui répondit-il d'une voix frêle.

Elle ne peut s'empêcher de se retourner une dernière fois. Elle aperçoit des soldats allemands crachant sur le corps d’Elzbieta.

Alexander la dirige chez lui. Un immeuble où les familles comme partout ailleurs s'entassent dans de petites pièces. Elle entre. Le petit garçon lui pose des questions :

« Pourquoi ma maman est restée là-bas ? Je veux ma maman !

- Ta maman m’a dit de jouer avec toi car elle est occupée.

- Mais je veux jouer avec ma maman ».

 

Alicia et Alexander jouent pendant trois heures environ. Puis, la porte s'ouvre. Un homme apparaît. Le père d'Alexander. Il aperçoit Alicia. 

« Qui êtes vous ? Où est ma femme ? Que faites-vous ici ? » Il s'interrogeait sur la présence de cette femme à côté de son fils. Un sentiment de peur envahit Andzej : il se met à trembler, devient tout blanc et bégaye de peur. Il a peur de comprendre.

« Bonjour, je suis Alicia, j’ai ramené votre enfant chez vous pour une raison qu’il vaut mieux que je vous donne à l’écart de votre enfant. »

Se retirant dans un coin de la pièce, elle raconte : "J’allais chercher de la nourriture quand j’ai vu votre femme au sol : elle a trébuché et s'est ouverte le crâne. J’ai ramené votre enfant qui était à côté d’elle. Il m'a conduit jusqu'ici. Je suis désolé. 

- Merci beaucoup." dit le père en pleurs. 

 Alicia retourne chez elle. 282e jour...  

*"Maman, Maman, debout !" en polonais.

Gracjan, Thomas C., Damien

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