Alter : « J’ai dit : pas d’étoile. Tu comprends ça ? »

 

Sa femme lui répond : « Je suis honnête et j’ai un fils !

 

- C’est aussi le mien ! On se cachera plutôt que de vivre un enfer ! »

 

Ezna répond fermement de nouveau : « Tu veux te cacher, à Paris ! Mais où ? »

 

Alter répond encore, le ton monte d’un cran : « J’en sais rien, on se débrouillera. Et toi, tu veux sortir, comment ?  vas-y,  je t’écoute ?

 

- Mes vêtements, je les retourne, ok ! »

 

Le mari tape sur la table et fait pleurer son enfant qui se réfugie hors de la cuisine.

« Qu’est-ce que tu crois ? On n’a pas que ça à faire de retourner nos vêtements,

pas d’étoile jaune, point.

 

- La loi de mon pays ordonne à tous les juifs de porter l’étoile jaune, je la respecte

même si c’est injuste. » dit Ezna en gardant son calme habituel.

 

Soudain, le thé qu’elle s’était préparé semble gelé comme s’il datait de l’hiver. Après

que la femme a bu son thé froid, le mari renchérit : « Tu veux respecter la loi de ton

pays mais cette loi, c’est se rendre à la Gestapo ou aux autorités de Vichy, alors que

si on leur échappe, ce serait mieux pour nous. Je connais des endroits pour nous cacher et j'ai pas peur d'eux »

 

- "T’as pas peur mais nous oui !"  dit la femme apeurée et tremblotante en regardant son mari dans les yeux.

 

Après quelques longues minutes de dispute, le père lance : « Tu ne pourras pas sortir de l’appart’ dans Paris, l’esprit tranquille car tu auras toujours des soldats à chaque coin de rue. Les parcs, le centre-ville, les magasins, tout ça, tu ne pourras pas y rentrer car tu es juive. Et un jour, tu vas sortir, une voiture aux vitres teintées avec deux commissaires dedans passera, tu te feras embarquer ! C’est ça la loi de ton pays. C’est cette loi que tu veux respecter ? »